Méthodes de travail pour gérer un cours d’arts plastiques au collège
Être professeur d’Arts Plastiques au collège, c’est enchainer sans interruption des activités d’une heure qui incluent matériel (sans budget), bruits/agitations et ménage. Les élèves peuvent avoir beaucoup d’interactions entre eux, pour le meilleur et pour le pire. On doit en plus assurer un même temps un suivi personnalisé de plus de 400 élèves que l’on ne voit qu’une seule fois par semaine.
Bref, il vaut mieux être bien organisé !
Nous avons tous nos méthodes de travail pour tenter l’impossible. Je partage ici quelques-unes des miennes.
Le schéma type d’un de mes cours
Installation (5 min)
Saluer les élèves à l’entrée du cours (contact visuel -> repérage des élèves agités, démotivés, sans carnet)
Les laisser choisir leur place… et ensuite opérer des changements
Attendre le silence et le calme avant de les faire s’asseoir
Effectuer l’appel (pour aller plus vite, j’utilise le plan de classe)
Mise en activité (35 min)
Demander un à élève de rappeler le sujet du cours précédent (silence + lever la main)
Donner des consignes claires et peu nombreuses (écrire au tableau)
Demander aux élèves qui sont bloqués de lever la main et passer les voir individuellement
Inviter les élèves à verbaliser leur ressenti, leur vécu dans les situations d’apprentissage
Synthèses intermédiaires (10 min)
Mise en commun ou références artistiques au vidéoprojecteur
Écouter et valoriser la parole de tous les élèves en relation avec le cours
Exploiter les réponses des élèves et reformuler si nécessaire
Favoriser l’entre-aide, l’interactivité, la co-évaluation ou la co-observation
Évaluation (au fil de l’eau)
Interroger le ressenti des élèves sur leurs apprentissages du jour, leurs réussites, leurs difficultés
Rangement (5 min)
Annoncer la sonnerie 10min avant (mettre des rappels sur son portable)
Entreposer tous les travaux au même endroit (à préciser explicitement)
Ranger et nettoyer les tables (contrôle des tables si nécessaire)
Remplir le cahier de textes numérique (je le fais souvent en fin de journée à grand coup de copier/coller)
Les documents que j’utilise
Mon trieur administratif
J’utilise un trieur avec 6 onglets pour ranger mes papiers. 3 onglets sont essentiels
Agenda
Semaines A/B et vacances scolaires pour bien planifier son programme (ne jamais faire confiance aux élèves).
Mon emploi du temps. Je colle parfois dessus des post-it pour les réunions, conseil de classe, etc.
ENT
Les identifiants ENT
Des feuilles d’appel papier
…pour tous les jours où l’intranet nous lâche…
Urgence
Des punitions : des exercices faciles de plusieurs niveaux. Avec moi, ils font du pixel art quand je suis gentil ou un bête damier quand je suis méchant. Bref, j’ai plein de feuilles à petits carreaux et ça les occupe bien, car ils ne prennent pas forcément ces exercices comme des punitions.
Des fiches d’exclusion de cours. N’ayons pas peur de les préremplir « perturbations incessantes du cours » marche dans 90% des cas, mais c’est moins bien pour le CPE. [le fichier est éditable avec LibreOffice]
Des rapports vierges
Des billets de circulation (préremplis) [le fichier est éditable avec LibreOffice]
Les check-list pour les procédures d’urgence (incendie/infiltration/climat)
Ma pochette de séquences
Cette pochette contient :
Les séquences travaillées
Fiche de cours + 1 exemplaire des polycopiés pour faire des photocopies
Les photocopies rassemblées en paquet de 25ex (pour éviter de devoir les recompter)
Les références artistiques sont sur une clé USB (avoir une clé de secours, c’est mieux)
Des fiches mémos
Je ne m’en sers jamais, mais j’aime l’idée d’avoir toujours ça sous la main.
Des frises chronologiques des mouvements artistiques
Une liste de définitions du vocabulaire en Arts Plastiques
Un sujet de secours
Un sujet simple à mettre en place, d’une séance, qui marche sans vidéoprojecteur, sans eau, sans électricité, uniquement avec le matériel des élèves.
Mes pochettes de suivi de classe
Le grand défi est d’arriver à suivre la masse d’élèves que représente dans nos 18 classes. Pour chacune de mes classes, j’utilise une pochette qui contient :
Une grille d’évaluation et de discipline
Très rapidement, cette grille va vous permettre d’identifier les élèves et leurs comportements.
J’utilise une grille (pdf) par trimestre.
Je remplis la première colonne avec la classe et les noms des élèves. (Préciser les nom de famille qu’en cas d’homonyme, les délégués et les PAI)
À chaque séance, je complète une colonne avec la date et un mot-clé pour me rappeler de la séquence travaillée.
Je rempli la grille tout au long du cours avec un stylo 4 couleurs :
En bleu : la présence (Abs : absent, R : retard…)
En noir : les problèmes de discipline (B : bavardage, T : téléphone, V : violence, I : impertinence). Je dessine aussi souvent un œil pour les élèves qui n’ont pas vraiment fait de bêtise, mais que j’ai dû beaucoup surveiller.
En rouge, je les souligne quand c’est très problématique et je les entoure quand cela à donné lieu à une punition.
En vert : le travail fourni (++ : au top, + : très bien, – insuffisant, – – : aucune production, P : travail perdu, C : très bonne compréhension, V : très bonne verbalisation…)
À la fin d’une séquence, je grise une colonne au crayon à papier pour la remplir avec son évaluation.
Bref, tout un trimestre résumé en une feuille A4.
Un carnet de bord
Avec cette fiche, vous allez pouvoir épater tous vos élèves sur le fait que vous n’oubliez jamais rien (contrairement à eux).
Il y a une certaine persistance sur le comportement de la classe d’un cours à un autre. Il m’arrive de rappeler à mes élèves (avant même de leur autoriser à s’assoir) ce qui avait bien marché la semaine dernière et les choses qu’il faudra essayer d’améliorer à cette séance.
J’imprime cette feuille (pdf) recto verso.
Je note le degré d’avancement des séquences. (Références vues, travail fait et restant à faire, etc.)
Et les remarques sur la classe et/ou certains élèves qu’on ne veut pas oublier avant la prochaine séance (en complément de la grille de discipline).
Le plan de classe (modifiable)
Sans aucun doute, l’outil le plus puissant que je me suis créé. Ça me prend plusieurs heures à les créer, mais je les fabrique maintenant avec le sourire tellement je sais que cet outil va me soulager.
J’imprime une feuille de plan de classe de ce type (pdf) avec en gris, les tables de ma salle de classe et en bas, des encadrés pour des infos très utiles :
- La classe (dans le premier carré)
- Les horaires exacts des sonneries (en semaine A et en B)
- Les noms des collègues référents, car il est toujours bon de rappeler que vous travaillez en équipe (CPE, Prof Principal, surveillant)
J’imprime ensuite le trombinoscope des élèves (aux bonnes dimensions) et je découpe chaque photo avec le nom de l’élève en dessous.
Je colle ensuite avec de la colle repositionnable les photos des élèves sur mon plan de classe.
Pour que toutes les photos tiennent bien, je range le tout dans une pochette plastique transparente qui s’ouvre sur le côté.
Concrètement, à chaque fois que je fais l’appel, j’actualise le plan de classe en déplaçant les photos des élèves en fonction de leurs places. (Il y a très peu de changement d’une séance sur l’autre, du moment qu’ils n’ont pas changé d’ilots, c’est bon.)
Le plan de classe me permet de vraiment cartographier la place de chaque élève. Après la séance, il me sert d’aide mémoire pour me rappeler des interactions entre les élèves et parfois de planifier des changements de places nécessaires.
Il me sert bien évidemment à appeler les élèves par leurs prénoms, c’est bien plus efficace et plus respectueux pour eux (et à force on finit par les retenir).
J’utilise aussi un index (j’ajoute un nombre sur chaque photo) ce qui me permet de retrouver très rapidement leurs noms dans ma grille d’évaluation et de discipline.
Il me sert aussi à évaluer facilement la participation orale. C’est très simple, à chaque fois qu’un élève participe, je colle un post-it sur sa photo (ils sont déjà tout près, je ne fais que les déplacer les post-its). J’attends un moment calme pour reporter ces bons points dans la grille d’évaluation.
Les punitions rendues et les rapports
Si la punition n’est pas dans la pochette, c’est qu’elle n’a pas été rendue !
Et je me suis déjà retrouvé à relire un de mes rapports avec l’élève concerné plutôt mécontent. Je lui ai demandé de signaler quelles phrases étaient pour lui fausses. Il n’en a pas trouvé. Fin de la discussion.
Méthodes : astuces diverses
Remplir le cahier de textes du collège
Cahier de textes papier
Coller directement une photocopie du sujet
Cahier de textes numérique
Copier-coller la fiche de cours sans les détails :
- Le titre du sujet
- Les consignes avec l’objectif général
- Le travail à faire ou le matériel à prévoir
Les travaux un peu compliqués à distribuer
Noms pas bien visibles, ou sculpture en plusieurs morceaux… j’ai trouvé une méthode assez efficace pour redistribuer tout ça rapidement.
J’étale tous les travaux sur mon bureau (ce qui peut être aussi l’occasion de faire une rapide mise en commun) puis je demande aux élèves de venir prendre eux-mêmes leurs réalisations qu’ils reconnaissent tout de suite. Pour calmer le jeu, je fais venir calmement chaque table d’élèves les unes après les autres.
Les pochettes plastiques
Pas cher et très pratique pour rassembler des réalisations « en kit » avant ramassage. Demander à l’élève d’ajouter dedans un bout de papier avec son nom et sa classe.
La colle liquide
Pour utiliser les bidons de colle bleue (ou de la fameuse colle Cléopâtre), j’utilise des gros bouchons de bouteilles en plastique.
Je distribue à chaque table un bouchon rempli de colle, posé sur une feuille de papier journal avec quelques pinceaux.
Attention : j’ai déjà eu des élèves qui ont cherché à m’en voler pour faire du slime.
Les cartons de la photocopieuse
Les cartons de feuilles A4, il y en a plein dans tous les collèges et c’est très pratique pour créer des bacs de rangement pour les travaux des élèves. Plus qu’à écrire dessus la classe avec un gros feutre.
Sinon ça peut toujours servir de cartons à découper pour les élèves.
Séance de découpage
Pour éviter la guerre des revues à découper (dispute et montagne de revue rangée en boule), je distribue à chaque table une caisse contenant des revues variées. À la fin de la séance, chaque table doit remettre correctement toutes les revues dans la caisse.
Pour refaire le plein de revue, aller voir le documentaliste.
Gestion du prêt du matériel
Pour le moment, dans tous les collèges où j’ai été, le matériel en libre service a toujours été bien mal mené (gaspillage, destruction, perte, vol). Du coup, je ne laisse en libre-service que le matériel que je suis prêt à voir disparaitre (en gros, une boite d’objets trouvés avec du vieux matériel usagé).
Pour le reste, je prête le matériel sous caution de leurs carnets. Pour m’y retrouver, j’insère dedans un marque-page avec écrit dessus l’objet prêté. J’ai remarqué que les élèves prennent bien plus soin du matériel qu’on leur a personnellement prêté, et d’autant plus si c’est du beau matériel (par exemple : une boite complète de crayons couleur).
Sinon, j’aime bien leur prêter des objets géants (du genre un scotch sur un gros support lesté avec du sable), trop encombrant pour rentrer dans une trousse, ça ne se perd pas facilement 🙂 PS Ikea vend des supports de scotch métallique (et donc incassable) vraiment pas cher.
Séance de peinture
Je prendrai surement le temps de compléter cette partie. Mais en quelques mots je dirai que :
Je demande à plusieurs élèves de m’aider à distribuer tout le matériel à chaque table (feuilles, verres d’eau , pinceaux) et de m’aider à préparer les palettes de peinture à mon bureau.
Les pots de peinture restent toujours sur mon bureau. Les palettes sont distribuées qu’une fois que tout est près, après un bref rappel des consignes, et que j’ai eu le silence. (Pensez à bien leur demander d’écrire leurs noms au dos de leurs feuilles avant de lancer les hostilités.)
Si vous en avez marre de laver les palettes en plastique, une feuille de papier qui finira à la poubelle fera très bien l’affaire.
Enfin, bannissez l’acrylique qui tache tout définitivement et fusille vos pinceaux mal lavés. Et vive les litres de gouache de chez Pichon !